Un projet démarre généralement par une commande liée à une nécessité. La formalisation même d’un projet - au-delà de ce programme - implique la combinaison de deux regards indissociables : celui, lointain, portant sur les ensembles urbains et paysagers et celui sur l’édifice même et son intérieur. Cet aller-retour permanent permet au projet de transcender sa propre nécessité et de répondre subtilement aux questions de lieu et de société. Loin des phénomènes de mode et des courants éphémères, l’édifice doit approcher une forme d’intemporalité au-delà de tout formalisme gratuit. Il induit donc de fait une réponse unique et non transposable. Les projets produits tentent ainsi de démontrer qu’un édifice seul peut agir par la précision de sa géométrie et de son implantation pour soutenir un site toujours précieux.

La relative multiplicité des objets a aujourd’hui privé la ville de monuments. Beaucoup de projets deviennent ainsi l’objet d’une image publicitaire et tape-à-l’œil les rendant insensibles aux contextes urbains et topographiques. Or la ville est avant tout construite de logements, d’écoles et de commerces dont l’unité fait de l’urbain le territoire naturel de l’Homme. Cette urbanité implique un certain ordinaire et une certaine évidence dans l’architecture produite. Elle permet de recentrer l’édifice sur celui qui l’habite tout en participant à la complexité urbaine et paysagère existante. Si cette volonté s’accompagne souvent d’échecs et parfois d’incompréhension des jurys ou des maîtres d’ouvrage face à des images plus racoleuses et plus séduisantes, elle permet en revanche de conserver et d’amplifier les qualités intrinsèques d’un lieu par le biais d’un projet à la fois utopique et concret.